Changement climatique : de drôles de zèbres donnent matière à penser au Tampon

Changement climatique : de drôles de zèbres donnent matière à penser au Tampon
C’est depuis notre île qu’ils ont lu le dernier rapport du GIEC. Douze zèbres sont actuellement à la médiathèque du Tampon dans le cadre de l’exposition photo et de l’installation plastique Zôon. Pour parler des changements climatiques mais, surtout, de rencontres et de la nécessité de ne jamais arrêter de s’interroger ni d’avancer.

Ils s’appellent Aldebaran, Naos, Pégase… Douze zèbres ont pris place à la médiathèque du Tampon jusqu’au 12 septembre à l’occasion de l’exposition Zôon. Autour d’eux, des photographies en noir et blanc, des textes et deux films racontant leur voyage dans l’île et sur les terres australes. Des séjours réalisés en 2015 à La Réunion, à l’occasion de la COP21, l’année suivante aux Kerguelen.

Sur ces deux territoires, ils ont rencontré la population, qu’elle soit animale, végétale ou humaine, se souvient Tectec, l’artiste qui leur a donné vie et qui les accompagne dans l’ombre. Porteurs d’un message sur la question du réchauffement climatique, les quadrupèdes à rayures tenaient à en observer les effets par eux-mêmes, à recueillir des témoignages et à partager expériences, observations et ressentis.

Récit d’une itinérance

Ils se sont ainsi baladés au Jardin Botanique et au Conservatoire Botanique de Mascarin où ils ont rencontré les directeurs des deux structures. Ils ont sillonné l’île, ont été frappés par la diversité, ont pris leur temps dans ce monde où tout va trop vite. A bord du Marion Dufresne, ils ont interviewé une douzaine de scientifiques. Aux Kerguelen, ils ont fait la connaissance de l’océan, des albatros, des « calamars indigestes » et des carabes, des coléoptères devenus invasifs dans l’archipel… et transformés en pirates sous les traits créatifs de Tectec.

Aldebaran et ses compagnons s’appuient sur la science mais prennent parfois, avec elle, de la distance. Ils complètent leur savoir par des observations empiriques et sensorielles. Quand les hommes peinent parfois à prendre des décisions, les zèbres, eux, avancent.

Devenons des Tectec

Ces zèbres sont tout aussi curieux qu’ils attirent la curiosité. De nombreux Réunionnais n’avaient pas hésité à s’approcher de ces voyageurs peu communs afin d’en savoir plus sur leur présence. Pari gagné pour Tectec, qui considère que la curiosité est la première étape avant la compréhension et l’action. « En se posant simplement à un endroit différent chaque jour, un dialogue s’est instauré », poursuit l’artiste.

Au-delà du thème environnemental, ce sont en effet la matière grise et le mouvement qui sont au cœur de l’exposition Zôon. « En suscitant ces rencontres inattendues, le mécanisme de pensée travaille, précise Tectec. L’idée était d’aller à la rencontre de ceux qui n’ont pas l’habitude de fréquenter des lieux culturels comme les musées, d’aller les chercher chez eux. »

Le choix de ces animaux n’est pas dû au hasard. Les zèbres, dont le pelage rayé est aussi individuel que nos empreintes digitales, sont des animaux uniques mais pas solitaires. Ils se déplacent en groupe et lorsqu’un prédateur attaque un individu, c’est toute une masse grise qui se forme pour le défendre : « de cette matière grise est créée cette intelligence ».

L’itinérance des douze zèbres rappelle, elle, l’idée de mouvement. Elle crée le mouvement, également, chez le spectateur. Tectec n’est d’ailleurs pas qu’un artiste. C’est un don, un partage, avec nous tous qui pouvons devenir chacun Tectec et poursuivre le mouvement.

Il vous reste encore deux semaines pour découvrir ces animaux sensibles et passionnés par le vivant.

Exposition Zôon, médiathèque du Tampon. Jusqu’au dimanche 12 septembre. Entrée libre => https://www.mediatheque-tampon.fr/Default/doc/AGENDA/10689


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