Le modèle agricole réunionnais, un trésor endémique forgé autour de la filière Canne-Sucre

Le modèle agricole réunionnais, un trésor endémique forgé autour de la filière Canne-Sucre

[Publi-rédactionnel] À l’heure où les prix des matières premières flambent en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine, la question de l’autosuffisance alimentaire de La Réunion est une nouvelle fois posée. Pour y répondre, un petit rappel des spécificités et des vertus du modèle agricole réunionnais s’impose.

L’actualité internationale, émaillée de crises géopolitiques et sanitaires, survient peu après celle, nationale, des Gilets Jaunes. S’agissant de notre modèle agricole et agroalimentaire, le conflit social et la pandémie de Covid-19 ont permis d’en révéler ses atouts pour notre territoire. Habitués à composer avec des contraintes inhérentes à l’insularité, à l’isolement géographique, aux caprices du climat tropical, les Réunionnais ont depuis longtemps adapté leur art de vivre, de produire et de consommer pour s’affranchir au maximum des aléas extérieurs. Sur le plan économique et agricole notamment, une structuration unique a vu le jour il y a quelques décennies. Un modèle agricole « endémique » s’est construit autour de la canne à sucre et ne pourrait subsister sans ce pilier.

La canne à sucre ne fait, en effet, pas seulement partie du patrimoine culturel, historique et paysager de l’île. Derrière les champs de canne habillant les basses pentes se cache tout un patrimoine économique et social façonné par la filière Canne-Sucre.

La culture de la canne, culture socle pour améliorer l’autosuffisance alimentaire

Dans l’île, les exploitations locales sont le plus souvent familiales et de taille modeste. Cette spécificité est née d’une volonté des pouvoirs publics de privilégier un modèle social agricole adapté aux contraintes topographiques (relief, escarpement, ravines…). Une réforme dans les années 60 aura permis cette transition d’une société de plantation vers de petites exploitations familiales où la canne à sucre règne en pièce maîtresse. Elle n’est pour autant pas la seule ressource à être cultivée : fruits, légumes de toutes sortes…. poussent à ses côtés.

Cette diversification n’aurait pas été possible sans la canne à sucre au centre de l’agriculture locale : c’est parce que les planteurs perçoivent de l’industrie sucrière des revenus stables qu’ils peuvent prendre le risque de cultiver d’autres produits. Pas de concurrence, entre les produits et les filières. Chacun s’adresse à des marchés différents, à des besoins spécifiques.

photo aérienne du littoral de La Réunion

La canne à sucre ne fait pas seulement partie du patrimoine historique et paysager de l’île. Elle est le poumon économique et social du parc vert. (Crédit: Adrien DISS)

Résistance aux conditions climatiques, protection des sols

Et heureusement que la canne à sucre constitue l’essentiel de leur activité agricole. En pleine saison cyclonique, comme nous en sommes tous les ans témoins, certaines plantations de fruits et légumes ne résistent pas aux rafales de vent et aux pluies. Les plants de canne, qui opèrent alors tout juste leur pousse après une saison sucrière clôturée en fin d’année, sont mieux épargnés. Ils contribuent aussi à protéger les sols des intempéries à l’aide de leurs puissantes et longues racines.

La canne à sucre, au sein de l’agriculture péi, c’est aussi ça : un soutien essentiel aux autres trésors naturels, une ressource pour les autres filières. Un échange réciproque qui permet aux différentes filières de l’île d’être complémentaires et interdépendantes. Outre pour la production de rhum, la mélasse est également utilisée dans l’alimentation des animaux et valorisée en complément et de manière résiduelle pour produire de l’énergie. La paille de canne assure au bétail un fourrage et des litières de qualité. En retour, les champs de canne bénéficient d’un fertilisant naturel et de qualité issue des effluents d’élevage.

camion de canne à sucre

Du technicien au transporteur, en passant par l’ingénieur…pas moins de 18 300 emplois sont créés par la filière canne-sucre à La Réunion ou liés à elle. (Crédit: Yabalex)

Une production locale dont les Réunionnais peuvent être fiers

Autour de la filière Canne-Sucre, c’est donc tout un écosystème économique et social qui a pu émerger. D’une part, grâce à la production d’électricité à partir de la bagasse, première source d’énergie renouvelable de l’île, une alternative au charbon importé qui fait économiser à l’île 15 à 20 millions d’euros par an. D’autre part, en pourvoyant 18 300 emplois directs, indirects ou induits et en irriguant quelques 2 700 exploitations agricoles.

Si bien qu’aujourd’hui, 80% des besoins en produits frais sont couverts par la production locale. Ce chiffre grimpe à 100% pour les œufs, le porc et le poulet.

Néanmoins, La Réunion ne peut pas encore jouir d’une autosuffisance alimentaire totale. 2 000 à 3 000 hectares de friches méritent d’être transformés et valorisés pour répondre encore davantage aux besoins de la population en produits vivriers. Le modèle agricole réunionnais, vertueux et efficient, ne pourra pas se développer, innover, et exprimer tout son plein potentiel sans le soutien des Réunionnais via les achats de produits locaux ni la poursuite des efforts de l’État pour soutenir et mettre en l’air notre précieuse agriculture péi.

Crédit de la photo principale: FLA
Publi-rédactionnel – Syndicat du Sucre de La Réunion

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