Grande Anse : une partie d’échecs face à la mer

Grande Anse : une partie d’échecs face à la mer

Chaque samedi, Jean-Yoland Francomme et d’autres joueurs de L’Échiquier de Saint-Joseph dépoussièrent la pratique des échecs et leur apprentissage. Le tout dans un décor idyllique, face aux vagues de Grande Anse.

A 9h, pendant que certains installent la table pliante et les marmites pour le pique-nique du jour, Jean-Yoland Francomme installe, lui, ses tables destinées à revoir ses plateaux d’échecs. Depuis 8 mois, le président du club L’Échiquier de Saint-Joseph et quelques-uns de ses adhérents se donnent rendez-vous sur la plage de Grande Anse. L’idée de ces parties en plein air est née suite aux restrictions sanitaires, incitant le club à quitter -pour le moment- la médiathèque de Saint-Joseph afin de se réunir en extérieur, sans contraintes.

C’est dans ce cadre de rêve qu’ils s’amusent toute la journée à déplacer leurs pions et à initier les passants. « Je rencontre régulièrement d’anciens élèves ici », indique le président du club. Il faut dire que ce dernier a formé quelque 4 000 à 5 000 jeunes de La Réunion dans le cadre d’un programme de découverte des échecs en milieu scolaire par l’Éducation nationale.

Les marmailles sont d’ailleurs nombreux à s’approcher. L’occasion pour l’intarissable formateur de leur apprendre à voir cette discipline autrement. Ici, pas de place aux combinaisons apprises par cœur. L’accent est mis sur la réflexion et la mémorisation spatiale. Tel un magicien, Jean-Yoland Francomme présente ses tours, des exercices qu’il a imaginés. Les yeux des jeunes pétillent, les méninges sont en surchauffe, puis bingo ! Tous finissent par comprendre les mécanismes présentés.

Jean-Yoland Francomme, président du club d'échecs de Saint-Joseph

Avec Jean-Yoland Francomme, on apprend à apprendre les échecs autrement. (@M. Renoir)

La clé: la mémoire spatiale et le raisonnement

« Les échecs ont cela de formidable qu’ils permettent à la fois de travailler l’espace géographique, la spatialisation par le biais des interactions, la physique fondamentale, l’arithmétique…, énumère -t-il. Avec une seule pièce, il est possible de créer plusieurs interactions dans les cases.»

À la manière du Pr Feynmann, un physicien et enseignant qui était réputé pour ses talents de pédagogue, Jean-Yoland Francomme se sert des fous, des cavaliers et autres pièces pour expliquer des phénomènes bien plus complexes. Et ça marche ! « Des élèves de maternelle sont capables de comprendre ces interactions et de faire travailler leur mémoire spatiale. » C’est aussi contre nos prismes et nos biais cognitifs que se bat le Saint-Josephois, en enseignant l’art de raisonner à partir de ce qui est vérifiable. « Le cerveau ne garde pas ce qui ne lui est pas utile », ajoute-t-il. Ainsi, un bon joueur d’échecs est pour lui « quelqu’un qui réfléchir, qui traite l’information et qui construit un raisonnement ».

Des parties pédagogiques toute la journée

C’est de cette façon que Jean-Yoland Francomme a lui-même appris les échecs, lorsqu’il était étudiant à Versailles. Mordu de sciences sociales, de physique et d’astrophysique, il a été initié par un camarade de fac avant de s’interroger sur les méthodes transmises. « J’ai alors acheté plusieurs livres, qui se contredisaient presque tous!, se souvient-il. Cependant, dans les fondamentaux revenait sans cesse la question du champ interactif ». En une poignée d’années seulement, il a réussi  à battre son ami et frôlait le niveau professionnel.

Et aujourd’hui encore, les échecs n’ont pas fini de le surprendre et de le passionner. Une passion qu’il se fera un grand plaisir de partager avec ceux qui passeront un samedi à la plage de Grande Anse, pour en discuter ou pour partager une partie pédagogique.


Tous les articles