Constellation : Tirer les artistes vers les étoiles

by Soe Hitchon | 15 septembre 2018 5 h 35 min

Les artistes locaux, ce n’est pas ça qui manque. La Réunion, dont la richesse naturelle et culturelle ne peut qu’inspirer, n’a pas de mal à produire des talents artistiques en tout genre. Mais ce qui manquait, selon Camille Touzé, c’était un soutien et un encadrement – nécessaires pour se faire connaître, se produire et vivre de ses œuvres. C’est pour cela qu’il a créé « Constellation », il y a 5 ans. Le voilà aujourd’hui dans les locaux de la Cité des Arts à Saint-Denis. Une ambiance studieuse et sérieuse, comme n’importe quel autre bureau. Sauf que des ballons de baskets, et autres étranges objets habillent la pièce. Et derrière leurs ordinateurs, les idées fusent et des œuvres naissent.

Aider les artistes à produire leurs œuvres et à les exposer mais aussi les mettre en relation avec les institutions susceptibles de faire appel à eux ; c’est ça l’objectif de l’association. « C’est une histoire de confiance, explique Camille, si l’on a une association derrière nous, on nous fait plus confiance car on s’éloigne du cliché de l’artiste sur lequel on ne peut pas toujours compter ».

Des subventions, donc, mais pas beaucoup. D’ailleurs, « de moins en moins dans le secteur », avoue-t-il. Il a très vite fallu trouver un moyen de se financer : les ventes d’œuvres, les prestations mais aussi les centres de loisirs pendant les vacances. Ils peuvent ainsi être six au sein de l’association. Trois d’entre eux sont des artistes « permanents », pour le moment, ce qui n’exclut pas de travailler avec deux à trois nouveaux artistes par an. De là est né le projet de faire de Constellation une coopérative, plutôt qu’une association afin de mutualiser les moyens et les projets.

« Ce sont les humains qui m’intéressent »

D’où le nom « Constellation »: des points, qui représentent des individus, et des projections de lignes sur ces points, soit l’imaginaire. « Ce sont les humains qui m’intéressent, affirme Camille, et l’art m’intéresse parce que c’est le fruit des êtres humains ».

Et ce qu’il préfère, Camille Touzé, c’est l’écriture : « La narration, la poésie, trouver des définitions aux choses ». À 43 ans, ce père de famille a un parcours de cinéphile derrière lui : des études de cinéma puis une association, la « Lanterne Magique », il y a une quinzaine d’années qui oeuvrait dans la création et diffusion de films, de documentaires ainsi que des ateliers. Puis l’envie lui a pris de s’éloigner du cinéma pour s’ouvrir à tout et avoir « moins de contraintes ». En plus du côté administratif du fonctionnement de Constellation, il apporte sa touche au travail de ses artistes : une réflexion et des échanges intellectuels qui enrichissent leurs œuvres.

Des œuvres à retrouver toute l’année aux quatre coins de l’île. En voici les dernières, d’ailleurs, des trois étoiles de Constellation :

CLEIII:

Dans les années 2000, Clément Striano se levait en pleine nuit pour regarder des retransmissions nocturnes. Des matchs de basket sur une chaine privée, commentés par un ancien joueur peu connu avec un accent américain très marqué.

Le basket a ses particularités. C’est un sport où individualité et collectif jouent des coudes, se disputent la vedette. Une tension politique qui parle à Clément Striano. Puis, une pratique nourrie de culture noire américaine, d’une certaine vision de la ville où la rue peut devenir terrain, où la minorité affaiblie peut rêver à une reconnaissance internationale. Notons, enfin, qu’il s’agit d’un jeu vif, dynamique, spectaculaire qui est tendu jusqu’à la dernière seconde, qui appelle le beau geste jusqu’au bout. L’action doit être marquante. La fulgurance est recherchée.

En travaillant les objets industriels liés à ce sport, Clément Striano sait que s’évoqueront ces facettes sociétales, politiques, esthétiques. Il s’assure aussi de prolonger ses problématiques artistiques qu’il fréquente depuis ses dernières années aux Beaux-arts. Celles dues aux tensions du mouvement en prise avec les temps, passé, présent, futur. Celles multiples et hasardeuses du jeu. Celles équivoques et floues de nos relations à la culture populaire. 

L’exposition Dunkorama : Just fais le! se déroulera au Frac à Saint Leu du 7 au 21 octobre. L’exposition est soutenue par le Frac, la Dac OI, Constellation et la Cité des arts. 

Mathilde Fossy:

Slash Colorama Optimistic est un ensemble d’œuvres grand format reliées à des lieux invisibles. Ceux qui se déroberont toujours à nos yeux, cachés dans les noyaux et les cœurs. Ces lieux sont vivants au milieu des strates, des couches, des écorces, des membranes. Nous ne les voyons pas mais nous savons qu’ils sont là. Ils bouillonnent, produisent, débordent et rejettent. Pour preuve, des œuvres d’artistes traversées par des mouvements sismiques et des degrés brûlants. Pour preuve encore, Mathilde Fossy avec ses couleurs et ses courbes. Elles qui se forment, s’écoulent, s’échappent. Elles qui éprouvent l’incandescence 
Flash Colorama Optimistic est cet ensemble d’intentions instables, incertaines de la vie en train de vibrer au cœur de l’invisible.

Slash Colorama Optimistic remonte dans le Nord, après un passage à La Cité du Volcan, l’exposition prendra place à la Boutik de la Cité des Arts du 3 au 12 octobre. Soirée finissage le vendredi 12 octobre à 17h30 à la Cité des arts.

La Paulinette:

La Paulinette présentera Quiproquo à l’occasion de l’événement By Night à la Cité des Arts en décembre prochain.

Le temps d’une rencontre à l’aise à la tombée de la nuit, La Paulinette démontre et partage à un public qu’elle a attendu avec hâte, ce qui a été pour elle une trouvaille. À sa disposition, quelques éléments rudimentaires, une lampe, un micro, une enceinte. Aucun élément n’est vraiment extraordinaire pourtant tout est en place pour vérifier si sa logique va lui permettre ou non d’obtenir le résultat du Quiproquo.
 
À travers cette poésie-performance, l’artiste use les codes verbaux si bien connus de non-entendement et d’incompréhension que nous vivons tous dans nos interactions humaines. Et si le Quiproquo ce n’était pas vraiment un malentendu ? Et s’il révélait quelque chose d’universel, qui nous concerne tous ?
 

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