Comment ne pas devenir une vieille peau (ou pire) à cause du soleil

by Marianne Renoir | 19 novembre 2021 10 h 54 min

A l’approche de l’été, une grosse piqûre de rappel sur les bons gestes à adopter pour passer la saison de la meilleure façon possible, n’est pas superflue. Le soleil, tout le monde l’apprécie, à condition qu’il ne soit pas synonyme de soucis.

Vivre sous les tropiques est un rêve pour beaucoup, une réalité pour les Réunionnais. La plage à quelques kilomètres de chez soi, les montagnes tout aussi proches, des étés de six mois, des hivers ensoleillés. Est-ce ce soleil présent toute l’année qui contribuerait à nous rendre aussi heureux ?

Un shot de bonne humeur

Indéniablement, confirme Antoine Bertolotti, dermatologue et vénérologue au CHU de La Réunion. « Les premiers effets du soleil sont très bénéfiques pour le corps et le physique », précise le spécialiste, également membre de l’association de prévention et de sensibilisation Mission Soleil Réunion (MiSolRé). Le soleil rend les gens plus heureux et est essentiel à notre survie. » En plus d’offrir cette luminothérapie gratuite, naturelle et disponible toute l’année dans l’île, le soleil permet la synthèse de la vitamine D. Une synthèse essentielle au bon fonctionnement de notre organisme, notamment pour augmenter la concentration de calcium et de phosphore dans le sang. On parle de métabolisme phosphocalcique.

Du coup de soleil au cancer de la peau

Que du bon, alors ? Non, poursuit le professionnel de santé. Très vite, le soleil peut se révéler nocif. Une exposition aiguë au soleil peut provoquer de « simples » coups de soleil, cloques et brûlures mais des expositions chroniques entraînent des rides dues au froncement du visage en pleine lumière, la perte d’homogénéité du grain de peau (tâches marron) ou encore, dans les cas les plus graves, le décès d’un individu suite à un cancer de la peau. « On voit de nombreux patients âgés de 20 à 30 ans disparaître en quelques semaines ou quelques mois », déplore Dr Bertolotti.

Chaque personne a, bien sûr, une prédisposition génétique et il est vrai que les peaux brunes et noires sont davantage « protégées » que les peaux claires. C’est surtout le cas des phototypes 6, dont la peau est noir ébène, tandis que les phototypes 1 comme les roux à la peau et aux yeux clairs, sont davantage vulnérables. En revanche, nous sommes tous égaux au niveau des yeux : peu importe notre couleur de peau, nous courons les mêmes risques de cataracte et autres maladies si nous ne les protégeons pas.

Il faut savoir que de nombreux Réunionnais ont des phototypes intermédiaires. Avoir une belle peau hâlée offre le sentiment d’être protégé…ce n’est pas le cas.

Les trois sites de l’île où les UV sont les plus concentrés

Deux facteurs peuvent multiplier les risques liées au soleil à La Réunion. D’abord, la situation géographique de notre île, dans une zone tropicale, qui nous place bien plus près du soleil que nos camarades de Métropole. L’indice UV est donc plus intense sur notre petit caillou.

Le second facteur, c’est l’altitude. Plus on monte en altitude, plus on est proche du soleil. De plus, si des nuages gris denses sont protecteurs, ceux qui sont blancs épars vont renvoyer la lumière.

Selon une étude récente menée par l’Université de La Réunion, deux des trois sites de l’île où les doses cumulées d’UV sont les plus importants ne se situent pas sur le littoral. Il s’agit du Piton de La Fournaise et du Piton des Neiges, le troisième étant la plage de Saint-Leu.

A titre de comparaison, l’indice UV de La Réunion ne descend pas en dessous de 6 ou 7 en hiver tandis qu’en Métropole, il n’atteint pas 8 ou 9 les jours de soleil à midi. Au Piton de La Fournaise, l’indice UV a même déjà atteint 18-19 ! Lorsqu’on sait qu’il faut se protéger à partir d’un indice UV de 3, on a vite fait de sortir la panoplie de protections.

Des gestes simples et quotidiens pour ne pas prendre une ride et éviter le pire

• Ne pas s’exposer au soleil ! Cette solution est la plus simple et la plus efficace. Cela ne signifie pas vivre reclus comme un vampire mais privilégier les sorties où le soleil « pouak » moins fort. Bien sûr, certaines activités professionnelles ne le permettent pas, d’où l’importance de bien s’équiper.
• Bien choisir ses vêtements. On privilégie les vêtements amples, bien couvrants, comme des chemises longues, des pantalons, des jupes longues. Pour le sport ou la plage, on enfile un Lycra. Plus la peau est couverte, moins elle est exposée et moins on a à se tartiner de crème solaire.
• Sortir les accessoires…pas si accessoires. Ils sont même indispensables au quotidien. Lunettes de soleil, casquettes, chapeaux, manchettes, et pourquoi pas un petit foulard pour préserver son cou. Les gramounes avaient tout compris!
• Avoir sa crème solaire à portée de mains. Qui n’a jamais senti la puissance des rayons du soleil pendant qu’il se trouvait dans les embouteillages ? La crème solaire, on l’applique dès une exposition prolongée au soleil, chaque fois que l’on sort de l’eau (mer, bassins, rivières…), et sur les zones exposées (mains, nez, oreilles) si l’on est bien couvert. Dans l’idéal, on se tourne vers un produit respectueux de l’environnement et de la biodiversité marine.
• Consulter son médecin généraliste ou un dermatologue en cas de doute. Vous remarquez un nouveau grain de beauté, une lésion sur l’un d’eux, une boule sur le nez ou une croûte qui réapparaît sans cesse ? Un dépistage est fortement recommandé. Votre médecin généraliste pourra vous indiquer s’il faut s’inquiéter ou non et vous réorienter vers un spécialiste si besoin.

Protéger les marmailles

C’est sans doute un des conseils les plus importants. Saviez-vous en effet que les coups de soleil attrapés durant l’enfance et l’adolescence sont susceptibles de causer des cancers de la peau à l’âge adulte ? Nous, non, et nous l’avons appris grâce à Mission Soleil Réunion, une association née en 2017 et qui œuvre à une meilleure protection des plus jeunes contre les risques liées au soleil. Il y a quatre ans, l’association comptait 10 écoles partenaires. « Nous travaillons aujourd’hui avec 150 écoles partenaires », félicite Emilie Cuenot, qui sillonne l’île pour intervenir auprès des jeunes. La sensibilisation, la prévention et la protection se fait au travers de spectacles de marionnettes, d’interventions, d’un programme pédagogique mis en œuvre par l’enseignant, de cours plus scientifiques, des diffusions de films ou encore des échanges avec un des 3 dermatologues et des 3 ophtalmologues. Un kit contenant casquette, lunettes solaires et crème solaire est par ailleurs offert à chaque élève de la classe.

Cette classe devient ensuite ambassadrice : c’est à elle de relayer les informations auprès des camarades des autres classes. L’enseignant et le directeur ou la directrice de l’établissement scolaire sont aussi des acteurs importants, également sensibilisés à la cause et eux-mêmes relais tout au long de l’année. « Les jeunes retiennent facilement et réclament d’eux-mêmes leur protection solaire », constate Émilie Cuenot. MiSolRé encourage aussi les mairies à pallier le manque de zones d’ombrages dans les écoles via la construction de préaux, de voilages d’ombrage et de végétalisation. Une protection collective qui n’est fait parfois défaut alors que les marmailles sont généralement dans la cour entre 12h et 14h, quand le soleil est le plus intense.

À terme, MiSolRé prévoit de sensibiliser d’autres publics très exposés tels que les sportifs et certains professionnels. Le grand public trouvera, lui, toutes les ressources utiles sur la page Facebook de MiSolRé ou sur son site web.

Des révolution thérapeutiques

Depuis dix ans, le monde de la médecine a connu une véritable révolution pour soigner les maladies liées au soleil, indique le Dr Bertolotti. Soit grâce à l’immunothérapie qui agit sur le système immunitaire du patient et stimule les défenses naturelles. Cette méthode peur faire disparaître les métastases, bien que parfois, ces dernières finissent par reprendre le dessus. Soit par la thérapie ciblée qui consiste à rechercher les anomalies, les mutations, et qui empêche les mélanomes d’apparaître ou les détruit. « Ces progrès sont une excellente chose, conclut le dermatologue. Un cancer de la peau n’est jamais facile à vivre pour un patient, ni pour les professionnels qui voient certains patients partir. »

Quelques chiffres

À La Réunion, on recense chaque année 110 à 115 nouveaux cas de mélanome (la tumeur la plus agressive) contre 20 en 2005 mais aussi plus de 600 nouveaux cas de carcinomes épidermoïdes et au moins 1 200 nouveaux cas de carcinomes basocellulaires. Ces derniers ne produisent pas de métastase, ce qui est rassurant. Pour autant, il ne faut pas les négliger au risque de les voir évoluer.

La page Facebook de Mission Soleil Réunion[1]
Le site web de l’association[2]

Source URL: https://www.apressi.re/comment-ne-pas-devenir-une-vieille-peau-ou-pire-a-cause-du-soleil/

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