Cocktail de la semaine: Gin & Tonic: Pas si évident!
Jouons ensemble aux devinettes : De quelle boisson se délecte Elizabeth II, reine d’Angleterre, tous les soirs à 18h ? Une tasse de thé ? Raté. Comment ? Un grand verre d’eau ? Tututut. Vous frôlez l’incident diplomatique. Non, la souveraine Britannique ne boit rien d’autre que l’un des cocktails les plus anciens au monde, celui qui fait partie des joyaux de la couronne. Il est également l’un des plus simples à réaliser, puisque composé de deux ingrédients so British… Vous l’avez bien évidemment tous deviné. Nous allons parler du Gin & Tonic.
C’est donc à la patrie de Shakespeare que l’on doit la paternité de ce cocktail basique. Même si, pour la petite histoire, les composants du mélange ont été découvert lors de batailles militaires. Le gin fut rapporté de Hollande par les soldats Britanniques. Partis se battre contre les Espagnols aux Pays-bas au XVIIème siècle, ils tombèrent amoureux de cet alcool aromatisé aux baies de genièvre, appelé »Genever ». Les distilleries fleurirent de toutes parts du royaume. Au milieu du XVIIIème siècle, l’Inde fut colonisée par les Anglais. Très affaiblis par le paludisme, ils découvrirent le remède miracle avec la poudre de quinine, une écorce d’arbre originaire des Andes. Afin de masquer son amertume, elle fut diluée avec une eau gazeuse légèrement sucrée, puis au gin. Et oui, à l’origine, le Gin To était un médicament !
Je sens quelques regards inquisiteurs : quoi il va vraiment nous faire tout un article sur le Gin Tonic ? C’est pourtant pas bien compliqué à faire. Et bien vous avez en partie raison, même si depuis une dizaine d’années, ce vieux cocktail connaît un nouvel âge d’or. Certains bars à cocktails espagnols ou français n’hésitent pas à se spécialiser en le déclinant de mille et une façons. Plusieurs raisons peuvent expliquer cet engouement.
Premièrement, la grande diversité des gins. Depuis le début des années 2000, les grandes distilleries se sont décidés à rendre cet alcool plus attractif. Il était en effet devenu has been dans les années 80, planqué sur la dernière étagère des bars à cocktails, et seule Mémé en buvait une dose le dimanche midi. Au XXIème siècle, changement de décor: les gins redeviennent à la mode. Grâce notamment à une plus grande qualité du produit. Les distributeurs mettent l’accent sur l’originalité des ingrédients distillés, leur provenance, expliquent la méthode de réalisation. Plusieurs gins super premium acquièrent une notoriété mondiale, comme Tanqueray n°10 et Hendrick’s Gin. Le client est rapidement conquis et affine son palais.
Lors de cette même période, de nouvelles marques de sodas apparaissent. Leur but : concurrencer les marques industrielles de tonics qui ont le monopole et qui sont farcies d’arômes artificiels et d’édulcorants. C’est ainsi que plusieurs marques, comme Fever Tree, composés d’ingrédients 100% naturels, apparaissent.
Les deux éléments ayant retrouvé leurs lettres de noblesse, il n’en fallait pas plus pour que les bartenders se jettent sur le Gin & Tonic, et donnent un sacré coup de jeune au cocktail. Fini le mélange de gin premier prix, tonic servi au pistolet et glace à moitié fondu, décoré d’une vieille tranche de citron coupée à l’arrache. Il est maintenant servi dans son propre contenant, un verre à ballon élégant, la glace utilisée est sèche, la décoration soignée et en adéquation avec les arômes présent dans le gin et/ou le tonic.
Pour une dose de gin, rajoutez deux doses identiques de tonic
Un vrai Gin To n’a bien évidemment pas le goût que vous pouvez retrouver en boîte de nuit. Selon Dave Broom, journaliste reconnu à travers le monde comme un grand spécialiste des spiritueux, et auteur de l’excellent Manuel du Gin (Flammarion), le dosage adéquate permettant de ressentir les notes aromatiques du gin lors d’une dégustation de Gin & Tonic est 2:1 tonic : gin. Comprenez : pour une dose de gin, rajoutez deux doses identiques de tonic. J’ai tenté, et depuis c’est devenu ma règle de base.
Pour une expérience optimale, il vous faut un bon gin et un bon tonic. Je vous conseille de vous diriger chez votre caviste. Si les supermarchés proposent de plus en plus des gins de qualités (Hendrick’s ou Tanqueray), ils sont limités en tonics. Vous me direz qu’un caviste est plus cher. Je vous réponds que ma rubrique est consacrée à la découverte et à la dégustation de cocktails et alcools, et non à l’organisation de beuveries… Buvez moins mais buvez mieux !
Je vous ai sélectionné trois gins que j’apprécie particulièrement. Je les mélange à un tonic de très bonne qualité, le Fever Tree. Tous ces produits sont normalement disponibles à la Maison du Whisky. Ma recette perso du Gin & Tonic est la suivante :
5 cl de Gin
10 cl de Tonic
Glace sèche, à mettre directement dans un verre à pied type grand verre à vin.
La décoration dépend du type de gin. Il a toute son importance car il s’infuse progressivement au cocktail.
Gin Citadelle (44%) : Gin artisanal français aux notes d’agrumes. C’est un must si vous-vous lancez à la découverte du gin. Je décore le verre d’un quartier de pamplemousse et d’un bâton de cannelle. Prix : entre 30 et 40€
Hendrick’s Gin (41,4%) : Gin écossais. Sa particularité ? En plus des onze végétaux qui composent son infusion originale, sont ajoutés des essences naturelles de concombre et de pétales de roses. C’est aujourd’hui l’un des gins les plus appréciés au monde. On part sur des notes florales. C’est un gin assez doux qui conviendra à un palais sensible à l’amertume. Décoration : quelques baies de genièvres, une »tagliatelle » de concombre frais. Prix : entre 30 et 40€.
Ki No Bi Kyoto Gin (45,7%) : Ma petite bombe. Un gin qui nous vient du Japon, produit à partir d’alcool de riz et de produits locaux : yuzu, poivre de Sansho, gingembre, feuilles de bambou, thé vert… Les notes sont douces et végétales et nous incitent au voyage.
Décoration : j’y ajoute une tranche de gingembre mariné que l’on sert avec les sushis et un long zeste de citron vert. Prix : entre 55 et 65€.
Cheers !!
The Great Gatsby
