Chez Michel : Le barbershop à remonter le temps

by Soe Hitchon | 1 juin 2018 12 h 01 min

[Article publié le 1er juin 2018] Ça fait 47 ans que la petite porte de cette toute petite enseigne, angle rues Ruisseau des Noirs et Liancourt, intrigue les passants. Une pièce remplie d’images, de bouibouis de toutes sortes mais aussi d’hommes, à longueur de journées. Mais pour la plupart des Dionysiens, aucun mystère : il s’agit du salon de coiffure de Michel, que l’on fréquente aussi bien pour ses talents de barber que le personnage emblématique qu’il est.

À 17 ans, voilà Jean-Michel Gourdialsing dans ce salon en train de couper des cheveux. Ça fait depuis qu’il à 15 ans qu’il travaille, d’abord au Butor aux côtés de son père, coiffeur et maçon. Il fallait bien, c’était le 5e d’une fratrie de 14… Son père, « c’était un bon travailleur même s’il aimait bien la boisson », avoue-t-il. C’est peut-être pour cela qu’à 64 ans, Michel ne boit pas – « sauf une coupe de champagne de temps en temps et pas n’importe quoi » et pratique toujours une activité physique régulière. « Ah ben il faut ! » Après 15 ans de foot et 10 ans de karaté, le voilà adepte du Penchak Silat, sport de combat indonésien. Malgré de longues heures de travail, même le dimanche – « c’est pour ça qu’il faut pas dire aux gens où on habite! », il trouve ce temps pour lui.

« Ma meilleure pub c’est de bien travailler »

Des longues heures debout, dans le salon depuis tant d’années, ce n’est pas donné à tous. Mais lui, c’est son métier qui le fait vibrer. « J’adore ce métier. Très peu d’hommes font ce qu’ils aiment. Moi j’aime bricoler, décorer et ranger. Et la coiffure c’est ça », déclare-t-il. Et voilà comment il s’assure une bonne clientèle: « Ma meilleure pub c’est de bien travailler. C’est le bouche à oreille, les gens disent « vas chez Michel, il coupe bien ». Certains reviennent toutes les semaines, d’autres tous les ans, mais ils reviennent ! »

Et c’est qu’il ne manque pas de confiance celui là. Mais on sent que rien n’est exagéré chez lui: « Moi je ne dis que la vérité; c’est plus facile que de mentir ! » On peut donc le croire quand il dit qu’il cuisine, lave son linge à la main et bricole à la maison. J’aimerais construire un grand poulailler chez moi. « Bon à marier non? » Il l’est déjà et ce depuis 43 ans. Il est aussi père de trois garçons qui ont été « faits avec amour »… Comme c’est beau.

Rien à redire alors, la vie est belle. A-t-il malgré tout des rêves ? La question le surprend. Ah oui, posséder une Harley et apprendre aux jeunes « la coiffure ancienne ». « Elle est en train d’être perdue. Tout se fait à la tondeuse, pas aux ciseaux. Et pourtant c’est bien plus propre et plus net ». Ce n’est peut-être pas encore une Harley mais la jolie moto qui trouve sa place dans le petit local rajoute au charme du salon. Un charme qui a pris des années à être construit. Michel colle aux murs des photos de sa famille, ses amis et lui. Nombreux sont les clichés d’exploits sportifs et équipes de foot. La sienne, aucun doute possible, c’est Saint-Etienne. « C’était une belle équipe en 73 ». Mais il n’est pas fanatique ! Tout passionné de foot peut y mettre une photo, un stocker ou une écharpe ; le plafond en est d’ailleurs rempli. Michel a aussi décoré le salon de photos d’anciennes miss, de stars internationales comme Arnold Swarzanegger et réunionnaises : évident une photo dédicacée de Dimitri Payet y est.

Des camions et voitures jouets et autres drôles d’objets s’y trouvent également. Même ses fameux ciseaux sont agencés en auréole autour d’une boule à neige de la tour Eiffel. De mauvais goût ? Pas du tout, c’est toute une vie qui s’étend devant soi. Mais à 64 ans, c’est la retraite qui approche. « Je ferai ça en dégradé, c’est pas possible d’arrêter d’un coup », et ça dans cinq ou six ans, pas avant.

 

 

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Endnotes:
  1. https://www.youtube.com/watch?v=WIUc4_HKTcQ&t=17s: https://www.youtube.com/watch?v=WIUc4_HKTcQ&t=17s

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