Quand le café réunionnais sert de modèle

by . | 20 octobre 2018 9 h 21 min

Notre café péi sert de modèle pour la culture des plantes tropicales. Car La Réunion, grâce à ses biotopes très variés sur une surface limitée, se révèle être un laboratoire unique pour observer les différentes influences environnementales. C’est ainsi sur notre île que le chercheur biologiste de l’IRD Thierry Joët a mené jusqu’au 11 octobre dernier une longue mission, au Cirad de Saint-Pierre, pour poursuivre des recherches initiées en 2016. Objectif : étudier l’influence des facteurs environnementaux sur l’adaptation naturelle des plants de café, mais aussi sur leur qualité.

Le café : un exemple pour la conservation des graines tropicales

Il y a dix ans, l’IRD a mis en place une collection de caféiers sauvages à Bassin Martin, à côté de Saint-Pierre. Une collection d’intérêt mondial installée sur un hectare et regroupant plus de 35 espèces originaires d’Afrique et de l’Océan Indien, collectées entre les années 60 et 80. De quoi permettre aux chercheurs d’accéder à toute une gamme de diversité génétique.

La collection a été dupliquée sur différents sites à La Réunion afin d’étudier l’effet d’environnements variés sur les plantes et leur graines. Car le caféier est un modèle idéal pour étudier la conservation des graines à faible longévité, qui représentent 10 % des plantes, dont des espèces tropicales cultivées comme le cacao, le palmier, le thé…. L’étude de la maturation des graines de caféiers permet ainsi de mieux comprendre les secrets de leur faible longévité et de leur sensibilité à la dessiccation (l’assèchement complet), ces problématiques handicapant aujourd’hui les filières de production.

Mieux comprendre le café endémique pour protéger la biodiversité

Grâce à une espèce de caféier présente naturellement dans les forêts et endémique des Mascareignes, le Coffea mauritiana, La Réunion est le territoire parfait pour les recherches. L’idée est d’étudier la diversité génétique, biochimique et fonctionnelle de ce caféier marron afin d’élucider son adaptation à des conditions écologiques très contrastées et permettre la valorisation économique des métabolites (les composés organiques intermédiaires) d’intérêt pharmaceutique qu’il contient.

Les chercheurs de l’IRD utilisent ainsi Coffea mauritiana pour modéliser un système de caféiers subissant de grandes variations climatiques sur des faibles distances. En analysant ce qui dans le patrimoine génétique de ce caféier endémique permet de piloter l’adaptation aux conditions locales, on comprend mieux son évolution passée et son potentiel d’adaptation aux changements climatiques en cours. Des nouvelles connaissances qui devraient faciliter la gestion de cette espèce et de la biodiversité associée par le Parc National de La Réunion.

« L’effet terroir », capital pour le Bourbon pointu

Le terroir est un élément-clé pour cultiver des produits d’exception. L’étude de l’impact du climat et de la composition du sol sur le développement de la plante et des graines de caféier Bourbon Pointu permet d’évaluer avec exactitude l’importance de l’effet « terroir » sur la production locale.

La graine de café et ses qualités étant à l’origine de tout, Thierry Joët s’était attaché en amont à identifier les gènes et les processus de biosynthèse dans les composés d’intérêt des grains des espèces étudiées. Améliorer la connaissance de ces composés et de leur synthèse va permettre la mise en place de programmes d’amélioration variétale, orientés non plus vers le rendement, ou vers la lutte contre les ravageurs ou les maladies, mais vers la qualité du produit final. Devenant par là même un outil de développement économique.

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