André Vildema, l’ancien menuisier devenu un as de la récup’

André Vildema, l’ancien menuisier devenu un as de la récup’

C’est une véritable caverne d’Ali Baba. Coupes, médailles, photos, outils, créations personnelles… l’appartement d’André Vildema regorge de trésors en tout genre. Avant même d’y pénétrer, dès le pallier de son immeuble saint-pierrois, on est plongé dans son univers. D’abord avec la charrette posée en haut de l’escalier, construite à partir d’un fauteuil roulant, preuve de son amour pour la récup’. Ensuite avec les posters d’haltérophilie et de karaté placardées à la porte d’entrée, souvenirs de son passé de grand sportif. 

Depuis sa retraite, il y a trois ans, l’ancien artisan menuisier de 68 ans continue de s’activer. « Je n’ai plus de voiture, donc je mets ma charrette derrière mon vélo et si je trouve quelque chose, une radio, un morceau de bois, peu importe, je ramasse ». De quoi s’entretenir en même temps.  « Je trouve joli le bois, et comme j’ai encore le coup de main… Il y en a qui rigolent, mais ce n’est pas une honte de ramasser ».

« J’improvise »

Bien au contraire ! Entre ses mains, de vieux objets destinés à la poubelle trouvent une nouvelle utilité. Un pied de nez à la société de consommation, qui nous pousse à jeter pour acheter, encore et encore. Chaise longue, tabouret, lanterne, plan de travail, repose téléphone, vide-poche, kayamb, mannequin d’entraînement de karaté…, le bricoleur suit son imagination pour donner vie à ses créations. « J’improvise. Je ne travaille pas avec des plans », confie-t-il.

Un talent qui séduit, puisque le sexagénaire a été missionné à quatre reprises pour réaliser le trophée du Prix du 20 Désamb, remis par la collectivité à des artistes à l’occasion de la fêt kaf. Une fierté, comme lorsqu’il a remporté le premier Prix avec une Caisse à Savon réalisée pour un défilé dans les rues de Saint-Pierre. De quoi enrichir un peu plus le beau palmarès de cet ancien champion de France d’haltérophilie. De petites et grandes victoires perçues comme des revanches sur la vie, pour celui qui était, selon ses termes « un gosse mal fichu, tout maigre », et dont l’enfance n’a pas été des plus tendres. « Je n’ai pas pu aller à l’école. J’étais le seul garçon de la famille et je devais veiller sur les animaux », se souvient-il avec émotion. Mais André a su s’accrocher et peut aujourd’hui être fier de son parcours.

Un travail d’équipe avec son épouse

Engagé dans la vie associative par le biais de l’association Arep (Association Réunionnaise d’Education Populaire), le gramoune rêve d’un endroit où les jeunes pourraient venir y acquérir du savoir-faire. « Plutôt que de passer tout leur temps sur leurs écrans », commente-t-il.

Père de cinq enfants, le Saint-Pierrois croit fort en la transmission. Ses trucs et astuces, il les a évidemment appris à ses marmailles, à bonne école à ses côtés. « Ce qu’on acquiert, ça sert ensuite », fait-il remarquer. D’autant plus que bricoler permet de sacrées économies, comme en témoignent sa salle de bains et sa cuisine, en partie faites de récupération. Nul besoin d’acheter des meubles neufs si on peut récupérer, accomoder et redonner une seconde vie à de l’ancien.

Bien sûr, cela demande du temps et implique parfois un joyeux désordre. « J’ai de la chance d’avoir une très gentille madame, que la poussière et le bruit ne dérangent pas », souligne-t-il d’ailleurs, le sourire au coin des lèvres. Marie-Claire met même sa touche personnelle en participant à la finition : elle vernis et fignole les créations de son mari. Un véritable travail d’équipe, qui fonctionne depuis une quarantaine d’années. La récup’, un remède pour tenir dans le temps !

 

 

 

 


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